Il appartiendra naturellement aux électeurs de déterminer, s’ils souhaitent ou non, faire des choix conformes à la logique d’influence nationale, qui suppose de privilégier des partis politiques fortement représentés au Parlement européen.
Une faible participation aux élections européennes favorise mécaniquement les partis protestataires, dont l’électorat a tendance à se mobiliser davantage, et qui auront alors un nombre de députés supérieur à ce que leur poids politique réel leur permettrait d’envisager. La surreprésentation de ces partis au sein du Parlement européen est d’autant plus forte que c’est le scrutin proportionnel qui est en vigueur pour les élections européennes.
Une faible participation aux élections européennes produit aussi des effets négatifs du point de vue de l’influence nationale d’un pays à Strasbourg ou à Bruxelles.
Les abstentionnistes qui auraient choisi de voter pour des représentants notamment appelés à siéger au sein des groupes influents au Parlement européen doivent savoir que leur non-vote contribue en partie à l’affaiblissement de la capacité de leur pays à peser au sein du Parlement européen. Là encore, une prise de conscience du caractère de moins en moins périphérique et subalterne des élections européennes doit amener les électeurs à mieux peser les conséquences de leur choix.
Le caractère « intermédiaire » des élections européennes donne parfois lieu à des votes contestataires visant à sanctionner le pouvoir en place, voire les partis traditionnels.
Si ce vote contestataire profite aux partis de gouvernement qui sont dans l’opposition, il peut utilement renforcer leur poids au sein de groupes influents du Parlement européen : c’est ce qui s’est passé en 2004 en France, avec le très bon score du Parti socialiste, qui lui a permis d’envoyer 31 élus à Strasbourg et de disposer ainsi de la plus importante délégation nationale au sein du groupe PSE.
Mais si le vote contestataire profite à de plus petits partis ou à des formations extrémistes, il produit un éparpillement des voix dommageable en termes d’influence nationale, dès lors que les élus de ces partis siègeront dans des groupes dont le poids politique est très limité, voire nul s’ils sont non-inscrits.
Le choix d’un vote contestataire, vis-à-vis des autorités nationales en place ou de la construction européenne, est bien sûr parfaitement légitime. Mais ses conséquences en termes d’influence nationale au Parlement européen doivent être mieux soulignées.
L’importance d’un « vote utile » est d’autant plus grande que le mode de scrutin européen, proportionnel, ne sélectionne pas, de lui-même, les partis dominants.